Pour vivre vieux :D

[Sophie]

Rappel du premier message :

Une petite histoire de Jodo, que j'affectionne particulièrement.

C'est un journaliste qui interview un petit vieillard
- vous êtes très vieux, est-ce que vous avez une méthode ?
- oui, oui, j'ai une méthode
- quelle votre méthode ?
- jamais je ne contredis personne..
- mais ce n'est pas possible !
- oui, oui ce n'est pas possible !

Et pour d'autres textes de Jodo, c'est ici :
http://ecoledutarot.com/lettrejodorowsky.php?id=129&ret=1

[Sophie]

Sophie, tu devrais répondre à ananie : "oui tu as raison"

Ben non, parce que d'une part je ne suis pas dans un état intérieur qui justifierait ça.
D'autre part, parce que là dans ce cas précis et vu mon interlocuteur (Ananie), ça ne serait pour moi pas respectueux, de dire cela à quelqu'un qui prend la peine et le temps de discuter justement, et d'écouter et répondre à ce que je dis tranquillement et sans être blessant avec moi.

Donc pour moi c'est pas une situation qui justifie ça.
C'est une situation où on peut progresser en discutant.

[Sophie]

Et pour finir Ananie là-dessus, quand tu as en face de toi quelqu'un qui a l'esprit de contradiction, ben lui dire qu'il a raison est beaucoup plus déstabilisant et générateur de prises de conscience que continuer à entretenir un désaccord.
Parce qu'en fait la personne ne veut pas qu'on abandonne face à elle, elle veut continuer, et en lui disant qu'elle a raison, ben on lui coupe l'herbe sous le pied, et là elle peut se rendre compte si elle le souhaite qu'en fait elle a tout perdu dans la discussion, à commencer par la possibilité de discuter.

C'est peut-être pas très sympa de dire ça mais y'a des gens avec qui c'est plus efficace que le désaccord.
Parce que ça casse d'un coup leurs habitudes, et ça crée un truc imprévisible.

Bref, pour finir, je pense que l'on doit aussi prendre en compte son interlocuteur, tout le monde ne réagit pas pareil non plus.

[ananie]

J'ai répondu tu as raison parce que la personne avait en partie raison

Dans ce cas là d'accord, s'il y a du vrai pourquoi pas dire "tu as raison".

Et pour finir Ananie là-dessus, quand tu as en face de toi quelqu'un qui a l'esprit de contradiction, ben lui dire qu'il a raison est beaucoup plus déstabilisant et générateur de prises de conscience que continuer à entretenir un désaccord.

Quelque part le "tu as raison" dont tu parles ici n'est pas un vrai "tu as raison", c'est un mot un peu provocateur qui dans un sens, exprime le désaccord.

Dire "ok, si tu veux avoir raison vas-y ait raison !" n'est pas du tout la même chose que de dire "oui tu as raison" pour fuir une discussion.
Je peux comprendre que le premier puisse avoir une utilité et une efficacité -bien que je ne l'aime pas du tout car je trouve qu'il contient une certaine forme de mépris-, mais pas le deuxième.



Sinon, selon moi la vulnérabilité est une grande force si on l'accepte.
Et il y a d'autres manières de s'extraire d'une discussion que de dire "tu as raison".

[Lydie]

Une cliente m'a donné un jour cette phrase que je vais vous poser ici, et qu'elle utilisait souvent avec son mari afin de ne pas partir dans des conflits parfois excessifs.

"Je pense que tu dois avoir raison, mais je me laisse le temps d'y réfléchir"

Personnellement je la trouve géniale, ça coupe vite à des discussions pas possible lorsqu'on se sent pas de discuter à ce moment là. On dit pas à l'autre qu'il a raison et on se donne le temps.
D'ailleurs elle me disait, que lorsqu'elle utilisait cette phrase ou bien son mari, ils rigolaient juste après et la tension descendait d'un cran, car tous les deux comprenaient bien qu'ils n'avaient pas envie d'entrer en conflit pour des bagatelles. Au besoin ils en parlaient plus tard au calme.

[Sophie]

Excellent
D'un côté elle lâche en donnant à l'autre la possibiité d'avoir raison, de l'autre elle pose le fait qu'elle se donne le droit de réfléchir.

[ananie]

Pour ma part, ça ne me plait pas beaucoup.

ça manque de sincérité en plus : c'est une forme de manipulation, dans le sens où l'on dit quelque chose que l'on ne pense pas pour calmer l'autre.

Mais chacun sa manière de faire. En tous cas, pour ma part, je n'utiliserais pas cela. Et je ne sens pas du tout le besoin de l'utiliser.

Ma manière de faire fonctionne très bien jusqu'ici, elle permet de résoudre les choses en profondeur, donc à partir de là, je ne vois pas pourquoi j'en chercherai une autre... (et le "oui oui tu as raison" je le pratiquais pas mal avant, donc je connais ses limites).

Très sincèrement, je préfère un bon conflit qui va jusqu'au bout et qui résout les choses une bonne fois pour toutes qu'un "oui oui tu as raison" qui va apaiser sur le coup, mais devra sans cesse être réutilisé les fois suivantes.

[ananie]

En fait dans ce "oui oui tu as raison", ce qui me dérange c'est que cela a quelque chose d'infantile, dans le mauvais sens du terme.

Dans ce "oui oui tu as raison", il y a quelque chose de l'enfant que l'on était et qui se soumettait à l'avis de ses parents, non parce qu'il l'avait compris et intégré, mais pour ne pas être grondé ou par peur qu'on ne l'aime plus.

[Marylo]

Pour ma part, je l'aime bien aussi, j'y vois comme l'impossible réalisé.
La réponse du vieillard me fait penser à "Dieu n'est pas Dieu c'est pourquoi je l'appelle Dieu" : une réponse hermétique et a priori contradictoire.

Le vieillard n'a pas répondu "si, si" ou 'non, non" mais "oui, oui" : ainsi il ne contredit pas son vis-à-vis mais, dans un sens il ne lui donne pas raison non plus : il intègre l'avis de son vis-à-vis et le sien propre. Après, chacun a matière à réflexion s'il le désire.

Du moins c'est comme cela que je la comprends... Une réponse des plus subtiles je trouve.

Je coupe sans doute les cheveux en quatre ! Mais je dois aimer cela finalement

Bonne soirée les amis et doux rêves pour cette nuit
Marylo

[Marie]

Du coup, ça donne:
"oui, oui, je comprends, de ton point de vue en effet, mais ce n'est pas le mien."

[ananie]

"oui, oui, je comprends, de ton point de vue en effet, mais ce n'est pas le mien."

Dit comme ça je suis d'accord
C'est honnête : on ne fait pas semblant d'être d'accord pour avoir la paix et cela peut arrêter l'argumentation si l'on n'a pas envie d'argumenter sans pour autant que l'on ait à se justifier.

[Kenzo]

Ton propos, Guillaume, me fait penser, a savoir ce positionner, ce placer, et ce donc de garder son intégrité. Je pense que la communication verbal ne serait être la seul. Le silence, la gestuelle et notre rayonnement magnétique, sont aussi un moyen.


Par rapport a ce fameux "oui", je pense que pour dire oui a tout ce qui ce présente, il faut savoir dire non, mais avant de dire non, il faut savoir dire oui. Je m'explique.
Quelqu'un vous agresse verbalement, vous avez l'habitude de rien dire, vous vous écrasez.
Ici l'on pourrait pour franchir une étape dire oui a la situation. Oui je suis agressé. Et ce oui nous positionne, et alors, cette acceptation nous amène a nous positionner et nous rend notre pouvoir personnel pour dire non, stop !
Plus loin, encore, une étape au dessus, et un grand oui qui accepte l'agression telle qu'elle est. Ici nul besoin de mot afin de répondre pour ce positionner, ou plutôt ce repositionner. Un silence, un geste, un mot, seront venir spontanément afin d’être avec la situation sans ce perdre en émotions et palabres inutiles. Une acceptation pleine et entière, amène bien souvent un effondrement de l'agresseur, qui cherche un répondant en face. La réponse est une non réponse, charismatique, qui annule la continuité de l'agression. J'ai remarqué qu'une pleine acceptation entraîne une tranquillité, dans le sens que les bourreaux et autre agressif ou violent, ne ce tourne plus vers vous. Ils sentent que leur petits jeux ne peuvent rien avec vous.
Sortir du dualisme agresseur/agressé n'est pas évident (ou beaureau/victime, ou autre paire d'opposé). Celui qui agresse est celui qui sort souvent gagnant. Bien souvent il est craint, et personne ne lui cherche d'emmerdes. C'est toujours tentant d’être celui qui agresse, tacle et joue du bistouris avec autrui afin d’être le plus fort, le chef, the big boss, quant on ce sent en ascendance dans les situations. Mais lorsque l'on tache d’être neutre, c'est assez compliqué. Ce n'est pas un positionnement courant. Il faut beaucoup d'habilité.

[ananie]

Je suis bien d'accord avec toi Kenzo.
Cependant, dire à l'autre "oui oui d'accord" c'est justement ça qui dit "non" à ce qui est. Non à l'agression, non à la communication, non à la réalité telle qu'elle est.

Et je ne parlais pas du tout d'avoir l'ascendant sur les autres : quand on dit "non je ne suis pas d'accord" et que l'on ne veut pas soi-même rentrer dans l'agression, il faut être prêt à accepter de recevoir l'agression de l'autre si besoin, sans la lui rendre.
Cela demande aussi d'accepter de se retrouver ensuite en position de faiblesse et de l'assumer, pour conserver son intégrité.
C'est de cela que je parle.

Le "oui oui je suis d'accord" c'est juste une fuite, ce n'est pas du tout une acceptation.
Dans le sens ou tu l'entends ci-dessus, cette phrase est un "non".


Sinon de mon point de vue, je dirais plutôt qu'avant de savoir dire "oui" il faut savoir dire "non". Car on ne peut pas accepter de s'ouvrir à quelqu'un si on ne sait pas qu'on pourra lui dire "non" au besoin, si ça va trop loin.
On le voit souvent chez les gens : les personnes qui ne savent pas s'affirmer et se positionner sont aussi celles qui ont le plus de mal à s'ouvrir aux autres, à leur dire oui.

Mais dans le sens où tu le dis je suis d'accord : il faut d'abord accepter la réalité telle qu'elle est (lui dire "oui") avant de pouvoir lui dire non si besoin.

Cependant dire "oui oui je suis d'accord" alors qu'on ne le pense pas ce n'est pas du tout accepter la réalité telle qu'elle est.

[Contenu sponsorisé]