La confiance en la vie

[Sophie]

Est-ce que vous avez globalement confiance en "la vie" ?
Est-ce que cela a une place sur votre chemin ?

Il me semble que parfois chez certaines personnes qui ont été très blessées ou ont vécu des choses dures, elles ont non seulement à guérir cela en elles, mais il peut aussi rester plus globalement une sorte de "méfiance" ou d'appréhension, envers la vie dans son ensemble, le fait qu'il puisse leur arriver encore une tuile ou un malheur comme ça sans prévenir.

Et que la confiance, globale, pas seulement en soi, ou en certaines personnes, mais plus généralement dans la vie elle-même, est quelque chose à trouver ou retrouver.

Je ne fais pas le parallèle avec la foi, parce que je ne suis pas sûre que ça soit la même chose, mais peut-être certains d'entre vous rapprochent les deux ?

[Sophie]

J'ajoute à mon premier message que j'ai pu constater, dans le travail pour aider ou guider des personnes qui ont perdu (ou n'ont jamais eue) cette confiance en la vie, que l'adversaire le plus difficile à dépasser pour elles est le découragement.
Qui leur fait penser que même en travaillant sur elles, et en allant voir leurs blessures, elles n'arriveront de toute façon pas à en sortir.
C'est à dire une sorte de "défaitisme", même si par ailleurs, elles peuvent en même temps vouloir très fort s'en sortir. Mais cela crée un conflit intérieur, entre une part d'elles qui veut se guérir et avancer, et une autre part d'elle qui leur murmure à l'oreille que de toutes façons elles n'y arriveront pas.

En tant que guide ou accompagnant, je crois que le plus important est de ne pas alimenter ce conflit intérieur, par exemple en essayant de les convaincre que si si elles vont s'en sortir, parce que cela ne fait que nourrir leur dualité interne.

Je crois qu'il faut réussir à intégrer ce sentiment parmi les choses à guérir, c'est à dire les accompagner dans le fait de ressentir ces émotions et d'entendre en conscience ces pensées de découragement, afin que l'énergie se libère et que petit à petit elles se rendent compte que ce sont des croyances, et non une vérité.

[ananie]

C'est difficile pour moi de répondre à cette question.

Parce que dans un sens, je me dis qu'il n'y a pas à faire confiance à la vie, qu'elle est comme elle est et que le bon comme le mauvais et l'injuste peuvent arriver.
Mais de l'autre, je me comporte comme si je lui faisais confiance : j'essaie d'être à l'écoute des signes et à chaque fois que quelque chose m'arrive, j'essaie de voir ce que cela cherche à m'enseigner, comme s'il y avait toujours quelque chose de bon à en tirer.

Des deux cotés cela peut avoir un effet pervers si c'est pris dans l'extrême : Se dire que tout va bien se passer, que tout est parfait, c'est souvent une manière de fuir et de ne pas se positionner. Je ne vois pas le mal, tout est parfait, ainsi je n'ai pas à me positionner, à m'affirmer et à poser des limites (ce qui est difficile pour beaucoup de gens). C'est aussi une manière d'être passif, et de ne faire aucun effort pour s'améliorer ou améliorer son entourage.
Et en même temps, se dire que tout est du au hasard empêche souvent de tirer l'enseignement de ce que nous vivons. Cela empêche de nombreuses remises en question.

Ainsi, il me semble important de voir que nous avons une part de responsabilité dans ce qui nous arrive.
Mais en même temps se dire que tout est un miroir de nous-mêmes et que nous sommes entièrement responsables de ce qui nous arrive, cela permet aussi à l'égo de se dire : alors tout dépend de moi, je peux tout contrôler et me créer la vie que je veux.
Or ce n'est pas vrai : on ne contrôle pas tout, tout ne dépend pas de nous.

Donc en résumé, je crois que l'on ne peut donner aucune réponse tranchée à cette question, et qu'il vaut mieux vivre. Car définir la vie ne fait que la limiter.

Je crois qu'il faut réussir à intégrer ce sentiment parmi les choses à guérir, c'est à dire les accompagner dans le fait de ressentir ces émotions et d'entendre en conscience ces pensées de découragement, afin que l'énergie se libère et que petit à petit elles se rendent compte que ce sont des croyances, et non une vérité.

Oui je pense aussi que c'est la solution.
Parce qu'il y a des vieilles mémoires, des émotions et des conflits internes qui se jouent là dedans. Et chercher à raisonner la personne ou lui donner une nouvelle vision des choses n'aura aucun effet.

[Sophie]

Je te rejoins Ananie, en fait c'est un cela que je cherchais à "toucher" en abordant cette question de la confiance en la vie.

La vie pour moi c'est pas "tout ce qui est extérieur à nous et qui va tout faire pour nous", nous avons notre part de responsabilité.

Je suis en train de cheminer sur cette notion de confiance, et j'en suis pour l'instant au stade où je n'associe plus la confiance au fait que "il ne va rien m'arriver de mal", mais j'essaye de passer plus loin, c'est à dire que ce qui arrive, je peux le prendre comme quelque chose qui vient nourrir et aider mon évolution.

En fait pour moi, confiance c'est plutôt quelque chose que je ressens comme l'inverse de la méfiance, je ne sais pas ce que c'est la confiance je ne peux pas trop la définir, mais je la perçois comme dans cette dualité confiance / méfiance.

Donc je ne cherche pas vraiment à développer "positivement" de la confiance, j'essaye surtout de me défaire et me purifier de la méfiance même inconsciente que j'ai pu accumuler en moi au fil du temps et des expériences, notamment celles que j'ai mal vécues ou que je n'ai pas acceptées.
C'est à dire que je m'applique à moi-même aussi ce que je disais quand on aide une personne qui est assez découragée.

Pour moi la confiance n'est pas la certitude que tout va toujours bien se passer, ça c'est plutôt comme tu décris, une sorte d'illusion sur le fait de ne pas vouloir voir ce qui se passe mal.

Finalement, j'ai l'impression que la confiance un peu comme le pardon, on en avait déjà parlé, c'est pas rajouter quelque chose, mais plutôt enlever autre chose.
Le pardon c'est l'absence de rancune, et de sentimens négatifs par rapport à une expérience passée.
La confiance serait l'absence de méfiance, c'est à dire en ayant ressenti la méfiance en soi, pleinement, l'avoir exprimée, et puis l'avoir laissée partir.

[ananie]

Finalement, j'ai l'impression que la confiance un peu comme le pardon, on en avait déjà parlé, c'est pas rajouter quelque chose, mais plutôt enlever autre chose.
Le pardon c'est l'absence de rancune, et de sentimens négatifs par rapport à une expérience passée.
La confiance serait l'absence de méfiance, c'est à dire en ayant ressenti la méfiance en soi, pleinement, l'avoir exprimée, et puis l'avoir laissée partir.

Oui je le vois aussi comme ça.
D'ailleurs, en essayant d'ajouter de la confiance, ça ne marche pas (comme quand on essaie d'ajouter du pardon).
Ou alors ça marche un temps, mais dès qu'il y a une contrariété, l'illusion qu'on s'était construite s'effondre.

[Kenzo]

La confiance en la vie évoque pour moi, le lacher prise et l'abandon a la vie. Desjardins figure souvent cet homme que l'on jette a la mer. Celui-ci ce débat a n'en plus finir. Le lacher prise, c'est a dire faire confiance en la vie, c'est cesser de ce débattre et ce laisser porter par l'eau en faisant la planche (lol) pour rejoindre l'autre Rive ...

[ananie]

La confiance en la vie évoque pour moi, le lacher prise et l'abandon a la vie.

Oui je me sens complètement en accord avec cette définition.
Et le lâcher prise et l'abandon à la vie ne signifie pas croire que tout va nécessairement bien se passer, mais cela signifie que l'on est prêt à accepter toute éventualité.
Du coup cela revient pas mal à avoir confiance en soi ; car si l'on se sent capable de traverser les joies et les peines en restant dans la paix, il devient beaucoup plus facile d'accepter tout ce qui se manifestera dans notre vie.

[Sophie]

Je rejoins assez l'idée de la confiance en soi, dans ce contexte-là à mon sens c'est confiance en Soi, je veux dire que c'est pas ce sentiment d'assurance ou de certitude qu'on peut avoir quand on est très confiant, dans un sens souvent égotique.
C'est une confiance plus profonde et qui je crois est basée notamment sur le chemin intérieur que l'on a accompli, quand on a déjà traversé certaines peines en soi, et que l'on se connaît bien.

[ananie]

Je rejoins assez l'idée de la confiance en soi, dans ce contexte-là à mon sens c'est confiance en Soi, je veux dire que c'est pas ce sentiment d'assurance ou de certitude qu'on peut avoir quand on est très confiant, dans un sens souvent égotique.
C'est une confiance plus profonde et qui je crois est basée notamment sur le chemin intérieur que l'on a accompli, quand on a déjà traversé certaines peines en soi, et que l'on se connaît bien.

Effectivement.
C'est une confiance qui se base sur un vécu, sur une capacité expérimentée à traverser la peur, la peine, la joie, la souffrance.
Si cela n'a pas été vécu, ça ne donne qu'une confiance en soi illusoire.

[Sophie]

Petite illustration de ce que je questionnais sur cette notion de méfiance / confiance.

La "fameuse" croyance, que j'ai déjà vu à l'oeuvre chez moi, mais aussi chez pas mal de gens en fait : "c'est trop beau pour être vrai". Sous-entendu, tout se passe bien, où est le piège ? où est le traquenard ? qu'est-ce qu'on va me demander en échange ou qu'est-ce que je vais devoir sacrifier ?

Ce qui rejoint aussi des tas de croyances collectives du style "on a rien sans rien", enfin bref, tout ce qui implique que le bonheur, ce qui "va bien", le bien de manière générale, cacherait toujours un vice de forme.
Qui fait que l'on n'arrive parfois même pas à profiter pleinement de ce "bien", et à l'accepter et l'accueillir sans arrière pensée.

J'avais une voisine comme ça à une époque, "il fait beau aujourd'hui, c'est chouette pas vrai ?"
"ouh la la ... vous savez... ça va pas durer !"

Cela peut sembler complètement anodin ce que je dis là, sauf que j'ai l'impression que ces croyances négatives, de méfiance, de "où est le traquenard", etc.... peuvent vraiment pourrir la vie, dans le sens que même quand tout va bien, on attend le prochain orage, et du coup on passe à côté du soleil qui brille à ce moment-là.

Ce qui fait que l'on a finalement constamment l'impression qu'il fait de l'orage, alors que c'est totalement faux.

[ananie]

La "fameuse" croyance, que j'ai déjà vu à l'oeuvre chez moi, mais aussi chez pas mal de gens en fait : "c'est trop beau pour être vrai". Sous-entendu, tout se passe bien, où est le piège ? où est le traquenard ? qu'est-ce qu'on va me demander en échange ou qu'est-ce que je vais devoir sacrifier ?

Oui et d'ailleurs la croyance que l'on peut contrôler tout ce qui nous arrive dans notre vie engendre également cela.
Car si on croit que l'on crée les choses, on croit qu'on les mérite quand elles nous arrivent, ou qu'on doit les mériter.
On ne peut plus recevoir gratuitement, sans mérite.

Pour ma part, j'ai remarqué que cela avait un très bon effet sur moi de me dire que je ne méritais pas forcément les bonnes choses qui m'arrivent, ça me remplit de gratitude et m'amène a souhaiter le même bonheur aux autres.
Alors que lorsque je me dis que je mérite, quelque part, tout au fond, il y a une petite voie qui dit : "je mérite, donc ça dépend de moi. Mais est ce que je vais continuer à faire ce qu'il faut pour mériter tout ça ? Est ce que à un moment je ne vais pas faire quelque chose qui fera que tout me sera enlevé ?". ça met un stress et ça empêche de percevoir l'amour de Dieu dans ce que l'on reçoit.

[Sophie]

Excellent.
Oui je suis d'accord avec toi, et cela nourrit vraiment ma réflexion.
Effectivement il y a cette idée de contrôler les choses et du coup de croire qu'on mérite tout ce qui nous arrive, en bon comme en mal.
D'ailleurs ce genre de dérives fait partie de pas mal de trucs new age : vous créez toute votre vie (sous entendu vous pouvez tout contrôler), la pensée créatrice (mal comprise) etc etc...

Ce qui en effet crée ce stress dont tu parles.

Tout le truc est dans l'équilibre de la responsabilité avec le fait de ne pas penser qu'on contrôle tout.
Par exemple, quand on vit un schéma répétant dans notre vie, que l'on provoque de par des croyances ou des émotions inconscientes, on a une part de la responsabilité de cela, dans le sens qu'une part de nous a "créé" la situation dans laquelle on est.
Mais cela ne veut pas dire que l'on contrôle, d'ailleurs c'est même l'inverse, quand on est agi par son inconscient, on a rien contrôlé du tout, au contraire, on a subi ses émotions non conscientes.

[ananie]

D'ailleurs ce genre de dérives fait partie de pas mal de trucs new age : vous créez toute votre vie (sous entendu vous pouvez tout contrôler), la pensée créatrice (mal comprise) etc etc...

Oui et d'ailleurs je rejette aussi la pensée créatrice qui dit que ce que l'on peut obtenir ce que l'on veut en visualisant qu'on l'a obtenu.
Voir ici :
http://www.forumspirituel.fr/t119-visualisation-creatrice-et-lacher-prise?highlight=visualisation

[Soudhamani]

La confiance en la vie va de paire avec la Conscience de l'Unité.

Si on se croit un individu séparé on ne peut que être plus ou moins perdu face à toutes les possibilités plus ou moins bonnes que la vie offre .

Tandis que dans la Conscience de l'Unité /le Soi , quoiqu'il arrive , c'est toujours l'expression de la Conscience Une en expansion qui se déploie .

[grandspas]

La confiance est une Grâce, un cadeau du ''ciel''. Elle vient que notre Conscience n'est pas très éloignée de son milieu originel et nous fait souvenir de la Vérité de la vie. Qu'elle est cette Vérité ? Trop long sujet pour ici et maintenant, en tout cas cette Vérité mérite très largement notre confiance.

La confiance en la vie est une intuition basée sur une mémoire informulée que notre âme garde de l'avant qui serra aussi notre après et pourrait-être notre présent.

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