La corde d'argent (conte Zen)
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La corde d'argent (conte Zen)
Un clair matin, Bouddha se promenait dans les cieux, au bord du lac de la Fleur du lotus, et il rêvait sous la tiède caresse du soleil. Comme il se penchait sur l'eau du lac, il aperçut dans les profondeurs bouillonnantes de Naraka (l'enfer) un homme qui se débattait furieusement et semblait appeler à l'aide. Aussitôt, Bouddha le reconnut. C'était un homme du nom de Kantuka, un voleur, un débauché, un abominable assassin qu'il avait rencontré pendant son passage terrestre. Bouddha est l'infinie compassion. Il se souvint qu'une fois dans sa vie ce Kantuka avait manifesté un peu de bonté. Une grosse araignée s'était posée sur sa sandale; au lieu de l'écraser, il l'avait épargnée et passé son chemin.
"Je vais lui porter secours, songea Bouddha, pour ce geste de compassion. Qui sait, il reste peut-être une lueur de générosité chez ce malheureux." Il prit alors un fil d'araignée, le fit descendre dans le lac en direction de Kantuka. Le fil se transforma en corde d'argent, et le bandit l'agrippa solidement. Il commença à monter. L'ascension était rude. Kantuka y employait toutes ses forces. Il s'acharnait des mains, des genoux, des pieds, suant et soufflant. Bientôt, il aperçut un coin de ciel bleu au-dessus de sa tête. Il redoublait d'efforts, quand il jeta un coup d'oeil vers les bas-fonds. Horreur! Une dizaine de ses anciens compagnons saisissaient la corde d'argent et s’efforçaient de grimper à leur tour.
"Cette corde risque de ne pas être assez solide pour nous soutenir tous", se dit Kantuka. Il se souvint alors qu'il avait gardé dans une poche secrète son couteau d'assassin. "Je vais trancher cette corde, songea-t-il, et me débarrasser d'eux." A peine avait-il formulé sa pensée que la corde d'argent se rompit au-dessus de lui, et il retomba pour toujours dans les Enfers.
"Je vais lui porter secours, songea Bouddha, pour ce geste de compassion. Qui sait, il reste peut-être une lueur de générosité chez ce malheureux." Il prit alors un fil d'araignée, le fit descendre dans le lac en direction de Kantuka. Le fil se transforma en corde d'argent, et le bandit l'agrippa solidement. Il commença à monter. L'ascension était rude. Kantuka y employait toutes ses forces. Il s'acharnait des mains, des genoux, des pieds, suant et soufflant. Bientôt, il aperçut un coin de ciel bleu au-dessus de sa tête. Il redoublait d'efforts, quand il jeta un coup d'oeil vers les bas-fonds. Horreur! Une dizaine de ses anciens compagnons saisissaient la corde d'argent et s’efforçaient de grimper à leur tour.
"Cette corde risque de ne pas être assez solide pour nous soutenir tous", se dit Kantuka. Il se souvint alors qu'il avait gardé dans une poche secrète son couteau d'assassin. "Je vais trancher cette corde, songea-t-il, et me débarrasser d'eux." A peine avait-il formulé sa pensée que la corde d'argent se rompit au-dessus de lui, et il retomba pour toujours dans les Enfers.
Dagda- Messages : 249
Date d'inscription : 16/11/2011
Age : 41
Localisation : Bretagne
Re: La corde d'argent (conte Zen)
Ben moi j'aime bien ce petit conte lol. En fait les premières fois que je l'ai lu, je l'ai trouvé un peu trash... A peine Kantuka pense à couper la corde (il a encore rien fait hein!) boum! Le cul par terre! Pas le droit à l'erreur dans le bouddhisme dis donc! Ca déconne pas. La moindre faute est éliminatoire.
Et en fait en le relisant bien... Il a eu une chance de salut. Et cette chance de salut... c'était juste pour avoir épargné une pauvre araignée. Rien que ce tout petit acte de compassion ridicule lui aurait permis de sortir des enfers après avoir passé sa vie à tuer, violer, voler, mentir... Bien que ce conte mette en relief à quel point nos mauvais actions (pensées comprises) nous sont dommageables, il affirme de la même façon la valeur de la moindre action positive.
Bref quoi d'intéressant en définitive? Et ben à mon sens ce conte met l'accent sur le fait que quelque soit la situation, quelque soit qui nous sommes, quelque soit ce qu'on a vécu ou fait, un acte de pure compassion aussi insignifiant soit t-il, mène à la nature ultime. Et le moindre acte négatif, même si il ne prête quasiment pas à conséquence, nous met le nez dans l'illusion. Et nous enchaînons ainsi au jour le jour les instants de conscience et d'inconscience...
La pratique ne consiste pas à devenir autre, à se transformer, ou à s'améliorer dans l'espoir d'une hypothétique situation favorable à notre nature spirituelle. C'est ici et maintenant que nous sommes des êtres spirituels. Dans chacun de nos actes. Chaque instant est l'occasion d'éveil ou d'illusion.
Enfin si j'ai pas tout compris de travers
Et en fait en le relisant bien... Il a eu une chance de salut. Et cette chance de salut... c'était juste pour avoir épargné une pauvre araignée. Rien que ce tout petit acte de compassion ridicule lui aurait permis de sortir des enfers après avoir passé sa vie à tuer, violer, voler, mentir... Bien que ce conte mette en relief à quel point nos mauvais actions (pensées comprises) nous sont dommageables, il affirme de la même façon la valeur de la moindre action positive.
Bref quoi d'intéressant en définitive? Et ben à mon sens ce conte met l'accent sur le fait que quelque soit la situation, quelque soit qui nous sommes, quelque soit ce qu'on a vécu ou fait, un acte de pure compassion aussi insignifiant soit t-il, mène à la nature ultime. Et le moindre acte négatif, même si il ne prête quasiment pas à conséquence, nous met le nez dans l'illusion. Et nous enchaînons ainsi au jour le jour les instants de conscience et d'inconscience...
La pratique ne consiste pas à devenir autre, à se transformer, ou à s'améliorer dans l'espoir d'une hypothétique situation favorable à notre nature spirituelle. C'est ici et maintenant que nous sommes des êtres spirituels. Dans chacun de nos actes. Chaque instant est l'occasion d'éveil ou d'illusion.
Enfin si j'ai pas tout compris de travers
Dagda- Messages : 249
Date d'inscription : 16/11/2011
Age : 41
Localisation : Bretagne
Re: La corde d'argent (conte Zen)
joli conte et le commentaire est encore plus beau ...
quand certains ont les yeux figés sur le but de la voie , d'autres font attention au chemin de la voie ....
les 1ers tombent assurrement dasn les pieges spirituel du destin , les autres les evitent ...
merci pour le partage dagda ...si t'en a d'autres comme ca
quand certains ont les yeux figés sur le but de la voie , d'autres font attention au chemin de la voie ....
les 1ers tombent assurrement dasn les pieges spirituel du destin , les autres les evitent ...
merci pour le partage dagda ...si t'en a d'autres comme ca
tijani- Messages : 576
Date d'inscription : 20/05/2012
Age : 57
Localisation : oasis
Re: La corde d'argent (conte Zen)
J'ai bien aimé aussi. Merci Dagda
wohpé- Messages : 196
Date d'inscription : 17/05/2012
Age : 54
Re: La corde d'argent (conte Zen)
Oui, je connaissais ce conte, il est assez célèbre je crois, et il est souvent repris dans des revues spirituelles. Mais pour le coup, je préfère moi aussi largement ton commentaire au conte, Dagda.
Parce que si on s'attache au conte en lui-même, il y a 2 choses qui feront tiquer un puriste (c'est à dire un em...d..r ) de la non-dualité :
d'abord, seul l'Absolu est permanent, immobile et immuable, donc un enfer, notion relative et dualiste opposée au paradis, ne saurait être permanent et éternel, ainsi ce Kantuka aura certes un karma négatif (autre notion dualiste non éternelle) à supporter mais ce karma aura nécessairement une fin, et donc l'enfer ne peut être éternel pour lui. Seul le Soi est éternel, pas l'illusion.
Ensuite, le Zen vient du Bouddhisme né lui-même au sein de l'Hindouisme.
Et il est écrit dans ce conte : "C'était un homme du nom de Kantuka, un voleur, un débauché, un abominable assassin qu'il avait rencontré pendant son passage terrestre."
Or, toute personne rencontrant un être réalisé, un éveillé, verra son chemin raccourci en ce bas monde, c'est à dire que le nombre d'incarnations pour se réaliser et atteindre l'éveil sera réduit, en tout cas l'éveil se produira avant la fin du monde. En effet, cette rencontre ne se fait jamais par hasard et la Grâce de l'éveillé rejaillit immanquablement d'une certaine façon sur la personne qu'il rencontre, même si celui-ci ne constate rien au départ.
Ainsi, là encore, la damnation éternelle n'est pas possible à imaginer, ce serait faire une injure terrible à la nature spirituelle et divine du Bouddha...
(un éveillé n'est pas dans l'état de Mr tout le monde, il est au coeur de lui-même et rayonne très fortement tout alentour, répandant des Grâces sur le monde).
Ainsi, je crois vraiment que ce qu'il fallait tirer de cette histoire, c'est ce que tu en as dit.
Voilà, j'ai fini de faire mon casse-pieds..
Parce que si on s'attache au conte en lui-même, il y a 2 choses qui feront tiquer un puriste (c'est à dire un em...d..r ) de la non-dualité :
d'abord, seul l'Absolu est permanent, immobile et immuable, donc un enfer, notion relative et dualiste opposée au paradis, ne saurait être permanent et éternel, ainsi ce Kantuka aura certes un karma négatif (autre notion dualiste non éternelle) à supporter mais ce karma aura nécessairement une fin, et donc l'enfer ne peut être éternel pour lui. Seul le Soi est éternel, pas l'illusion.
Ensuite, le Zen vient du Bouddhisme né lui-même au sein de l'Hindouisme.
Et il est écrit dans ce conte : "C'était un homme du nom de Kantuka, un voleur, un débauché, un abominable assassin qu'il avait rencontré pendant son passage terrestre."
Or, toute personne rencontrant un être réalisé, un éveillé, verra son chemin raccourci en ce bas monde, c'est à dire que le nombre d'incarnations pour se réaliser et atteindre l'éveil sera réduit, en tout cas l'éveil se produira avant la fin du monde. En effet, cette rencontre ne se fait jamais par hasard et la Grâce de l'éveillé rejaillit immanquablement d'une certaine façon sur la personne qu'il rencontre, même si celui-ci ne constate rien au départ.
Ainsi, là encore, la damnation éternelle n'est pas possible à imaginer, ce serait faire une injure terrible à la nature spirituelle et divine du Bouddha...
(un éveillé n'est pas dans l'état de Mr tout le monde, il est au coeur de lui-même et rayonne très fortement tout alentour, répandant des Grâces sur le monde).
Ainsi, je crois vraiment que ce qu'il fallait tirer de cette histoire, c'est ce que tu en as dit.
Voilà, j'ai fini de faire mon casse-pieds..
Greenman- Modérateur
- Messages : 1552
Date d'inscription : 06/11/2011
Age : 59
Localisation : Val d'Oise
Re: La corde d'argent (conte Zen)
Greenman a écrit:
(,...,) Parce que si on s'attache au conte en lui-même, il y a 2 choses qui feront tiquer un puriste (c'est à dire un em...d..r ) de la non-dualité :
Juste pour le fun Greenouchou
Marie- Messages : 1121
Date d'inscription : 07/11/2011
Age : 61
Localisation : Nord Isère
Re: La corde d'argent (conte Zen)
Bien content que le "commentaire" vous plaise.
D'ailleurs je n'ai absolument aucune prétention à commenter quoique se soit. C'est tout juste un avis que je formule, une impression rien de plus.
Pour répondre à l'em...d..r de la non-dualité...
En y repensant, je me dis que ce conte n'est peut-être pas spécifiquement Zen après tout... Peut-être qu'il a été seulement approprié entre autre par le Zen. Dire "Conte Zen" est peut-être un peu abusif... Enfin... Je répète bêtement ce que j'entends dire intelligemment
"L'enfer ne saurait être permanent et éternel"... Ben euh... Ouais carrément
C'est marrant que je ne l'ai pas relevé moi même avant, moi qui suit si totalement opposé à ce concept de damnation éternelle... Ca me semble purement illogique. Y avait un truc qui me chagrinait un peu dans ce conte, et tu viens de pointer le doigt dessus.
Concernant la rencontre d'un être réalisé, là je n'y connais rien mais je te crois sans problème quand tu affirmes ce point théologique indouiste.
Dans tout les cas mon Greenou, tu refait ton emmerdeur (soyons fous disons les choses! ) de la non-dualité quand tu veut!
D'ailleurs je n'ai absolument aucune prétention à commenter quoique se soit. C'est tout juste un avis que je formule, une impression rien de plus.
Pour répondre à l'em...d..r de la non-dualité...
En y repensant, je me dis que ce conte n'est peut-être pas spécifiquement Zen après tout... Peut-être qu'il a été seulement approprié entre autre par le Zen. Dire "Conte Zen" est peut-être un peu abusif... Enfin... Je répète bêtement ce que j'entends dire intelligemment
"L'enfer ne saurait être permanent et éternel"... Ben euh... Ouais carrément
C'est marrant que je ne l'ai pas relevé moi même avant, moi qui suit si totalement opposé à ce concept de damnation éternelle... Ca me semble purement illogique. Y avait un truc qui me chagrinait un peu dans ce conte, et tu viens de pointer le doigt dessus.
Concernant la rencontre d'un être réalisé, là je n'y connais rien mais je te crois sans problème quand tu affirmes ce point théologique indouiste.
Dans tout les cas mon Greenou, tu refait ton emmerdeur (soyons fous disons les choses! ) de la non-dualité quand tu veut!
Dagda- Messages : 249
Date d'inscription : 16/11/2011
Age : 41
Localisation : Bretagne
Re: La corde d'argent (conte Zen)
Dagda , ouais mais en fait, tu as clairement écris ce que je sous-entendais, que c'était probablement pas un conte zen 100% pur jus.
J'ai remarqué que dans les revues et bouquins on classe beaucoup de contes sous l'appellation "zen" parce que ça fait bien, ça fait "absolu", alors qu'il doit y avoir en fait des trucs dualistes qui trainent d'un peu partout, du bouddhisme habituel ou autre...
Bon, ça va , j'ai pas dit de bêtise alors..
J'ai remarqué que dans les revues et bouquins on classe beaucoup de contes sous l'appellation "zen" parce que ça fait bien, ça fait "absolu", alors qu'il doit y avoir en fait des trucs dualistes qui trainent d'un peu partout, du bouddhisme habituel ou autre...
Bon, ça va , j'ai pas dit de bêtise alors..
Greenman- Modérateur
- Messages : 1552
Date d'inscription : 06/11/2011
Age : 59
Localisation : Val d'Oise
Re: La corde d'argent (conte Zen)
Bisous Marienounette, j'avais pas vu ta réponse.
J'écris des trucs et après je zappe les fils, moi...pfff...
J'écris des trucs et après je zappe les fils, moi...pfff...
Greenman- Modérateur
- Messages : 1552
Date d'inscription : 06/11/2011
Age : 59
Localisation : Val d'Oise
Re: La corde d'argent (conte Zen)
Je fais pareil Greenouchou t'inquiète
Marie- Messages : 1121
Date d'inscription : 07/11/2011
Age : 61
Localisation : Nord Isère
Re: La corde d'argent (conte Zen)
Greenou a écrit:J'ai remarqué que dans les revues et bouquins on classe beaucoup de contes sous l'appellation "zen" parce que ça fait bien, ça fait "absolu", alors qu'il doit y avoir en fait des trucs dualistes qui trainent d'un peu partout, du bouddhisme habituel ou autre...
Ouais c'est bien le problème: "zen" ça fait bien, ça fait absolu, ça fais "tendance". Alors que si tout les gens qui trouvaient le Zen "cool" savaient exactement de quoi il en retourne, 75% d'entre eux partiraient en courant...
Allez pour toi mon petit Greenou, je met un autre petit conte, et celui-là me semble tout ce qui a de plus Zen...
(petite précision: les deux contes cités sont de Henri Brunel. Les contes en eux-mêmes n'appartiennent à personne, mais sous cette forme précise, ils sont directement piqués sur un bouquin...)
Il était une fois... deux moines, qui s'en allaient rejoindre leur couvent près d'Edo. Ils avaient été retardés par un couple de paysans, qui leur avait demandé de bénir leur fils nouveau-né, et leur maison, et le troupeau. Ils avaient bu par politesse, et charité de coeur, une ou deux coupes de saké. Maintenant, ils se trouvaient à la lisière de la forêt, et déjà la nuit tombait.
Or, l'un des deux moines était aveugle et son compagnon le guidait:
"Ne crains rien, Djiro! dit le moine éclaireur, nous allons devoir traverser la forêt, où vivent, selon les légendes, monstres et sorcières, mais j'ouvre l'oeil, et je te protégerai contre tout les dangers."
Et il ajouta, d'une voix qu'il raffermissait:
"Tiens mon bras, et avançons hardiment!"
Les deux moines parvenaient au coeur de la forêt, quand soudain une tarasque abominable sortit d'un fourré. C'était Yamamba, la vieille sorcière édentée, l'effrayante dame des bois. Elle était immense, avec de grandes narines, un nez monstrueux, des yeux injectés de sang où semblaient tournoyer des roues de feu. Sa langue rouge écarlate pendait jusqu'à sa taille. Ses cheveux gris et sales flottaient au vent. Elle avait de très longs bras de squelette terminés par des griffes cauchemardesques, et ses pieds velus frappaient le sol avec rage. Le moine qui servait de guide se mit à trembler de tous les os de son corps.
"Qu'as-tu, mon frère, je n'entends plus ta voix, et je te sens chanceler contre moi, parle-moi, je t'en prie!"
Le moine clairvoyant, paralysé de terreur, ne pouvait émettre aucun son. Et l'horrible Yamamba s'avançait toujours, elle tendait vers les deux moines ses griffes acérées; ses yeux rougeoyaient, et sa bouche se tordait en un rire épouvantable.
"Je sens que tu n'es pas bien, dit l'aveugle, je ne comprends pas pourquoi, mais laisses-moi te soutenir et te guider à mon tour, appuie-toi sur moi!" Et d'un pas ferme, l'aveugle entraîna son compagnon en direction de Yamamba, qu'il ne voyait pas.
Le monstre stupéfait vit les deux moines s'avancer droit sur lui. Ils ne manifestaient aucun peur et semblaient indifférents à son aspect effroyable. Alors Yamamba tira son énorme langue rouge et visqueuse hors du gouffre de sa bouche, jusqu'à ses pieds velus. Elle les foudroya de son regard incandescent, elle ouvrit et ferma ses griffes menaçantes. Tout cela en vain. Entraînés d'une main ferme par l'aveugle, les deux moines avançaient toujours.
Yamamba vaincue s'évanouit dans les airs, et disparut.
Elle a une de ces tronches Yamamba!!!
Dagda- Messages : 249
Date d'inscription : 16/11/2011
Age : 41
Localisation : Bretagne
Re: La corde d'argent (conte Zen)
Excellent! en plus je viens juste de lire la "pensée du jour " d'Omraam Mickael Aivanov et il "se" demande pourquoi tant d'humains veulent devenir clairvoyants !!
Pôvre Yamamba ! tellement insignifiante
face à cela :
Pôvre Yamamba ! tellement insignifiante
face à cela :
Marie- Messages : 1121
Date d'inscription : 07/11/2011
Age : 61
Localisation : Nord Isère
Re: La corde d'argent (conte Zen)
Ah oui, la, en effet, ce conte qui pousse a aller au dela du corps, ca sent le zen pur sucre ! Du vrai miel
Merki !
Merki !
Greenman- Modérateur
- Messages : 1552
Date d'inscription : 06/11/2011
Age : 59
Localisation : Val d'Oise
Re: La corde d'argent (conte Zen)
Que pense tu d'un paradis éternel comparé à un enfer sempiternel?Dagda a écrit:seul l'Absolu est permanent, immobile et immuable, donc un enfer, notion relative et dualiste opposée au paradis, ne saurait être permanent et éternel,
Dernière édition par Le_Chat le Mar 5 Juin 2012 - 18:17, édité 1 fois
Le_Chat- Messages : 347
Date d'inscription : 05/06/2012
Age : 35
Re: La corde d'argent (conte Zen)
Bonsoir Ar c'hazh
C'est une citation de Greennou Mais comme tu t'adresses à moi et que je partage son point de vue, je répond volontiers à ta question.
Paradis, enfer, enfer, paradis... Concepts duels, qui a dit concepts duels?
Comme c'est le topic qui vas bien, je te met un autre petit conte Zen qui illustre fort bien le point de vue que je partage concernant aussi bien le paradis que l'enfer...
Un samouraï se présenta devant le maître Zen Hakuin et lui demanda :
« Y a t-il réellement un paradis et un enfer? »
« Qui es tu? » demanda le maître
« Je suis samouraï… »
« Toi, un guerrier? » s'exclama Hakuin. « Mais regarde-toi. Quel seigneur voudrait t'avoir à son service? Tu as l'air d'un mendiant. »
La colère s'empara du samouraï. Il saisit son sabre et le dégaina. Hakuin poursuivit :
« Ah bon, tu as même un sabre? Mais tu es sûrement trop maladroit pour me couper la tête. »
Hors de lui, le samouraï leva son sabre, prêt à frapper le maître. A ce moment celui-ci dit:
« Ici s'ouvrent les portes de l'enfer. »
Impressionné par la tranquille assurance du moine, le samouraï rengaina et s'inclina.
« Ici s'ouvrent les portes du paradis. » lui dit alors le maître.
C'est une citation de Greennou Mais comme tu t'adresses à moi et que je partage son point de vue, je répond volontiers à ta question.
Paradis, enfer, enfer, paradis... Concepts duels, qui a dit concepts duels?
Comme c'est le topic qui vas bien, je te met un autre petit conte Zen qui illustre fort bien le point de vue que je partage concernant aussi bien le paradis que l'enfer...
Un samouraï se présenta devant le maître Zen Hakuin et lui demanda :
« Y a t-il réellement un paradis et un enfer? »
« Qui es tu? » demanda le maître
« Je suis samouraï… »
« Toi, un guerrier? » s'exclama Hakuin. « Mais regarde-toi. Quel seigneur voudrait t'avoir à son service? Tu as l'air d'un mendiant. »
La colère s'empara du samouraï. Il saisit son sabre et le dégaina. Hakuin poursuivit :
« Ah bon, tu as même un sabre? Mais tu es sûrement trop maladroit pour me couper la tête. »
Hors de lui, le samouraï leva son sabre, prêt à frapper le maître. A ce moment celui-ci dit:
« Ici s'ouvrent les portes de l'enfer. »
Impressionné par la tranquille assurance du moine, le samouraï rengaina et s'inclina.
« Ici s'ouvrent les portes du paradis. » lui dit alors le maître.
Dagda- Messages : 249
Date d'inscription : 16/11/2011
Age : 41
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tijani- Messages : 576
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Age : 57
Localisation : oasis
Re: La corde d'argent (conte Zen)
Au temps pour moi.Dagda a écrit:Bonsoir Ar c'hazh
C'est une citation de Greennou Mais comme tu t'adresses à moi et que je partage son point de vue, je répond volontiers à ta question.
MerciDagda a écrit:Paradis, enfer, enfer, paradis... Concepts duels, qui a dit concepts duels?
Comme c'est le topic qui vas bien, je te met un autre petit conte Zen qui illustre fort bien le point de vue que je partage concernant aussi bien le paradis que l'enfer...
C'est l'histoire d'un homme qui à l'origine était très pieux, il méditait, il priait, puis il a fait des erreurs, il se considérait comme un 'pécheur'. Il souhaitait s’amender auprès de Bouddha à tout prix.
Ayant entendu parler d'un congrès spirituel, il voulait y assister, mais le congrès était cher et il possédait peu d'argent. Alors il s'y présente quand même avec le peu de sous qu'il avait en poche. Il force l'entrée, et parvient à pénétrer le lieu du congrès spirituel.
Mais les éminents membres pratiquants avancés constatant qu'il n'avait pas assez d'argent, le mettent dehors manu militari.
Alors, triste et penaud, il rentre chez lui et confie sa peine au Bouddha : "Bouddha ô Bouddha, je voulais m'amender auprès de toi durant ce congrès spirituel et voilà qu'ils m'ont mis dehors !".
Alors Bouddha lui répond : "De quoi te plains-tu ? Moi je n'ai même pas pur entrer !".
Ayant entendu parler d'un congrès spirituel, il voulait y assister, mais le congrès était cher et il possédait peu d'argent. Alors il s'y présente quand même avec le peu de sous qu'il avait en poche. Il force l'entrée, et parvient à pénétrer le lieu du congrès spirituel.
Mais les éminents membres pratiquants avancés constatant qu'il n'avait pas assez d'argent, le mettent dehors manu militari.
Alors, triste et penaud, il rentre chez lui et confie sa peine au Bouddha : "Bouddha ô Bouddha, je voulais m'amender auprès de toi durant ce congrès spirituel et voilà qu'ils m'ont mis dehors !".
Alors Bouddha lui répond : "De quoi te plains-tu ? Moi je n'ai même pas pur entrer !".
Le_Chat- Messages : 347
Date d'inscription : 05/06/2012
Age : 35
tijani- Messages : 576
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Age : 57
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Re: La corde d'argent (conte Zen)
Sympa Le pire c'est que c'est assez représentatif de certains comportements hélas, dans le Zen comme ailleurs bien sûr...
Dagda- Messages : 249
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Localisation : Bretagne
Re: La corde d'argent (conte Zen)
excellent tous vos contes, merci
Chrysoprase- Messages : 329
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Localisation : in my body
Re: La corde d'argent (conte Zen)
Après une traversée de cinq jours dans le désert, un homme, épuisé et tenaillé par la faim s'écroula au pied du premier arbre qu'il trouva. C'était la limite de ce désert et il annonçait des terres moins arides pour les kilomètres à venir.
Cependant, allongé sur le sol, il laissa défiler son imagination. Il rêva ainsi d'une table richement garnie de victuailles. Il en avait l'eau à la bouche.
A peine cette pensée évanouie que devant lui se dressa une table merveilleuse avec de quoi faire un vrai festin de roi !
- C'est extraordinaire ! Il ne manque plus que le palais et la salle royale pour installer cette table garnie !
En un clin d'oeil, notre homme se retrouve dans la salle d'un palais majestueux avec la table garnie.
Mais c'est miraculeux ! Il ne manque plus qu'une belle princesse et je serai vraiment comblé !
Là encore, avant qu'il ne reprit son souffle, une magnifique princesse avançait vers lui avec un sourire radieux.
C'est alors que le voyageur commença à douter.
- Ce n'est pas possible ! Il s'agit d'un vilain sortillège ! Un monstre maléfique se cache peut-être sous l'apparence de cette princesse !
Et comme par enchantement, un monstre gigantesque remplaça la princesse.
- C'est horrible ! Il va me dévorer !
Ce qui arriva ! L'arbre aux souhaits l'exhaussa. Telle est sa fonction.
Un sage a dit : " Le paradis et l'enfer sont en vous ".
Dans le même thème, un conte de perrault.
Cependant, allongé sur le sol, il laissa défiler son imagination. Il rêva ainsi d'une table richement garnie de victuailles. Il en avait l'eau à la bouche.
A peine cette pensée évanouie que devant lui se dressa une table merveilleuse avec de quoi faire un vrai festin de roi !
- C'est extraordinaire ! Il ne manque plus que le palais et la salle royale pour installer cette table garnie !
En un clin d'oeil, notre homme se retrouve dans la salle d'un palais majestueux avec la table garnie.
Mais c'est miraculeux ! Il ne manque plus qu'une belle princesse et je serai vraiment comblé !
Là encore, avant qu'il ne reprit son souffle, une magnifique princesse avançait vers lui avec un sourire radieux.
C'est alors que le voyageur commença à douter.
- Ce n'est pas possible ! Il s'agit d'un vilain sortillège ! Un monstre maléfique se cache peut-être sous l'apparence de cette princesse !
Et comme par enchantement, un monstre gigantesque remplaça la princesse.
- C'est horrible ! Il va me dévorer !
Ce qui arriva ! L'arbre aux souhaits l'exhaussa. Telle est sa fonction.
Un sage a dit : " Le paradis et l'enfer sont en vous ".
Dans le même thème, un conte de perrault.
Le_Chat- Messages : 347
Date d'inscription : 05/06/2012
Age : 35
Re: La corde d'argent (conte Zen)
sympa et tellement vrais
Chrysoprase- Messages : 329
Date d'inscription : 05/11/2011
Age : 43
Localisation : in my body
Re: La corde d'argent (conte Zen)
Bonjour à tous...
Merci Dagda pour ces superbes histoires et aussi à tous ceux qui ont racontés une histoire sur ce post...
Je comprends dans la première histoire (la corde d'argent) différentes choses :
Ce n'est que lorsqu'il eut réellement l'intention de couper la corde (lorsque le mouvement s'amorça en lui) que la corde se rompit au-dessus de ses mains ; et qu'en ce sens, ce n'est pas, à mon sens la pensée qui a amenée la corde à se rompre, mais l'intention et le mouvement qui suit celle-ci. Il y a, je pense, en cela, une description du processus karmique qui fait que l'on subit ce que l'on inflige aux autres.
Mais en premier lieu, c'est parce qu'il s'est retourné et qu'il a accordé de l'importance à la forme qu'il a pris peur et qu'en conséquence, il a "misé" sur le relatif (c'est-à-dire qu'il a pensé que le poids de ceux qui le suivaient pouvait faire rompre la corde, alors que l'on pourrait dire que la corde est en fait la structure même du Bouddha qui le soutient et qu'en quelque sorte, elle ne peut pas se rompre.)
Une autre histoire qui évoque cette idée, c'est lorsque le Christ marchait sur le eaux et que l'un de ses apôtres le suivit... Lorsque ce dernier porta son attention sur les vagues et la fureur du vent, il se mit à sombrer... Là encore, c'est parce qu'il a accordé un "crédit" à la forme, au manifesté. D'une certaine façon on pourrait dire qu'ils se sont laissés enfermés par la forme.
Dans une autre histoire encore je ne sais plus trop dans quel contexte mais c'est toujours à mon sens la même idée qui est évoquée, il y en a une qui a été transformée en statue de sel (ce qui signifie, je pense, immobilisée dans ce processus d'évolution) simplement parce qu'elle s'était retournée...
Ou encore, un autre contexte qui évoque cette idée :
C'est lorsque Krishna (incarnation du Dieu Vishnou) demanda aux 2 clans de cette famille de cousins (les Kauravas et les Pandavas) qui se préparaient à se faire la guerre de choisir :
Il leur dit : "Je serai dans un camp et mon armée sera dans l'autre"
C'est un peu comme s'il demandait : "Avez vous confiance en la toute puissance de Dieu ou bien accordez-vous plus de crédit à la forme, au monde manifesté (l'armée) ?"
Le choix fut d'abord donné au Kauravas, ceux qui représentaient les forces du mal... et bien sûr ils ont choisis l'armée...
Pour ce qui est des concepts "dualité-unité", je ne pense pas que l'on puisse dire qu'il n'y a que l'unité ou qu'il n'y a que la dualité, mais plutôt que la dualité tout comme l'unité constituent chacun cent pour cent du monde et ne s'opposent pas, et ceci même si, intellectuellement c'est difficile à concevoir... C'est un peu ce que semble nous dire le Mahasiddha Saraha à travers cette simple question : "Les vagues sont-elles autre chose que de l'eau ?"
Les vagues sont des vagues... Soit... mais elles sont aussi de l'eau... le fait qu'elles soient des vagues n'empêche pas l'eau d'être de l'eau... Et ainsi il y a dualité et unité "en même temps".
Merci Dagda pour ces superbes histoires et aussi à tous ceux qui ont racontés une histoire sur ce post...
Je comprends dans la première histoire (la corde d'argent) différentes choses :
Ce n'est que lorsqu'il eut réellement l'intention de couper la corde (lorsque le mouvement s'amorça en lui) que la corde se rompit au-dessus de ses mains ; et qu'en ce sens, ce n'est pas, à mon sens la pensée qui a amenée la corde à se rompre, mais l'intention et le mouvement qui suit celle-ci. Il y a, je pense, en cela, une description du processus karmique qui fait que l'on subit ce que l'on inflige aux autres.
Mais en premier lieu, c'est parce qu'il s'est retourné et qu'il a accordé de l'importance à la forme qu'il a pris peur et qu'en conséquence, il a "misé" sur le relatif (c'est-à-dire qu'il a pensé que le poids de ceux qui le suivaient pouvait faire rompre la corde, alors que l'on pourrait dire que la corde est en fait la structure même du Bouddha qui le soutient et qu'en quelque sorte, elle ne peut pas se rompre.)
Une autre histoire qui évoque cette idée, c'est lorsque le Christ marchait sur le eaux et que l'un de ses apôtres le suivit... Lorsque ce dernier porta son attention sur les vagues et la fureur du vent, il se mit à sombrer... Là encore, c'est parce qu'il a accordé un "crédit" à la forme, au manifesté. D'une certaine façon on pourrait dire qu'ils se sont laissés enfermés par la forme.
Dans une autre histoire encore je ne sais plus trop dans quel contexte mais c'est toujours à mon sens la même idée qui est évoquée, il y en a une qui a été transformée en statue de sel (ce qui signifie, je pense, immobilisée dans ce processus d'évolution) simplement parce qu'elle s'était retournée...
Ou encore, un autre contexte qui évoque cette idée :
C'est lorsque Krishna (incarnation du Dieu Vishnou) demanda aux 2 clans de cette famille de cousins (les Kauravas et les Pandavas) qui se préparaient à se faire la guerre de choisir :
Il leur dit : "Je serai dans un camp et mon armée sera dans l'autre"
C'est un peu comme s'il demandait : "Avez vous confiance en la toute puissance de Dieu ou bien accordez-vous plus de crédit à la forme, au monde manifesté (l'armée) ?"
Le choix fut d'abord donné au Kauravas, ceux qui représentaient les forces du mal... et bien sûr ils ont choisis l'armée...
Pour ce qui est des concepts "dualité-unité", je ne pense pas que l'on puisse dire qu'il n'y a que l'unité ou qu'il n'y a que la dualité, mais plutôt que la dualité tout comme l'unité constituent chacun cent pour cent du monde et ne s'opposent pas, et ceci même si, intellectuellement c'est difficile à concevoir... C'est un peu ce que semble nous dire le Mahasiddha Saraha à travers cette simple question : "Les vagues sont-elles autre chose que de l'eau ?"
Les vagues sont des vagues... Soit... mais elles sont aussi de l'eau... le fait qu'elles soient des vagues n'empêche pas l'eau d'être de l'eau... Et ainsi il y a dualité et unité "en même temps".
Re: La corde d'argent (conte Zen)
j'aime bien aussi ces histoires, souvent pleine de sagesse......
mais le 1er conte m'interpelle :
ne peut-on pas dire que RIEN ne peut aller contre le karma ??
car Bouddha avec son omniscience et malgré sa compassion infinie doit obligatoirement savoir que le voleur à la vue de ses congénères, coupera la corde et entraînera tout le monde lui y compris dans les enfers ???
donc quel est le sens de sa démarche est-ce qu'en laissant le libre-arbitre au voleur, son karma pourrait être modifié ? je pense que oui
mais alors qu'en est-il de l'omniscience du Bouddha ???
je ne sais pas si je suis claire
OKASAN- Messages : 199
Date d'inscription : 11/07/2012
Age : 65
Localisation : Toulouse
Re: La corde d'argent (conte Zen)
"Si tu vois le bouddha, tue le!" dis le dicton. Dans l'histoire, ce n'est pas le bouddha mais un personnage.
Bonne question, eh si le voleur ressortait des enfers?
Bonne question, eh si le voleur ressortait des enfers?
Le_Chat- Messages : 347
Date d'inscription : 05/06/2012
Age : 35
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