la poire

[lounaaa]

X, Y et Z à l'heure du gouter.

X ramasse trois poires, en mange une, en donne une aux deux autres.
Un aveugle arrive, il n'a jamais mangé de poires mais les entends en parler.
il demande :
"C'est quoi une poire?"
X : " c'est un fruit. Il est rond, vert pale, parfois jaune. Ferme au toucher, plus tendre quand il est bien mûr"
Y : "c'est delicieux!. Le liquide coule dans la gorge, des petites granules sucrées comme la canne rape sur la langue."
Z : " c'etait le fruit preferée de feu ma mere. Dire que je n'ai jamais aimé ça! aujourd'hui, je les trouve savoureuse!"

Et l'aveugle ne put savoir ce qu'etais la poire, tant qu'il ne la mangeas pas.

J'aime le principe qu'une seule et meme chose peut etre apprehender de maniere completement differente, ressenti à divers plans, analysé de divers manieres.

J'essaie d'integrer à chaque experience vécue - de la plus profonde à la plus banale- les ressentis de x, y et z. Pour certains un plan est plus inné qu'un autre, mais je pense sincèrement que vivre dans toutes les dimensions de l'etre (concrete, objective, sensitive, instinctive, conditionnée, etc...) fait non seulement de chaque seconde une seconde complete, mais permet a l'etre d'etre "entier".
J'imagine que ne pas écouter une de ces dimensions, c'est déjà avoir perdu un petit peu de soi.

La poire est là parce que l'etre a faim.
il suffit de la saisir.
Même si tous ne la mangeront pas de la même façon.
Même si l'intention n'est pas la meme.
Même si la satieté ne passe pas par le même chemin.
et peu importe les mots qui la décriront, la poire continuera d'etre poire.
Et sans s'etre compris, tout le monde aura mangé et parlé de la meme chose.

[lola83]

oui ...

on dit surtout une poire pour la soif aussi

car il est vrai que la soif est prioritaire sur la faim , mais tout de même l'un ne va pas sans l'autre

[air]

Je connaissais cette histoire sous la forme de l'éléphant et des six aveugles :

_______________________________________________________________


UN ÉLÉPHANT ET LES AVEUGLES

Une fois, six aveugles vivaient dans un village. Un jour, ses habitants leur dirent " Hé ! il y a un éléphant dans le village, aujourd’hui "

Ils n’avaient aucune idée de ce qu’était un éléphant. Ils décidèrent que, même s’ils n’étaient pas capables de le voir, ils allaient essayer de le sentir. Tous allèrent donc là où l’éléphant se trouvait et. chacun le toucha.

" Hé ! L'éléphant est un pilier " dit le premier, en touchant sa jambe.

" Oh, non ! C’est comme une corde, dit le second, en touchant sa queue.

" Oh, non ! C’est comme la branche épaisse d’un arbre " dit le troisième, en touchant sa trompe.

" C’est comme un grand éventail " dit le quatrième, en touchant son oreille.

" C’est comme un mur énorme " dit le cinquième, en touchant son ventre.

" C’est comme une grosse pipe " dit le sixième, en touchant sa défense.

Ils commençaient à discuter, chacun d’eux insistait sur ce qu’il croyait exact. Ils semblaient ne pas s’entendre, lorsqu’un sage, qui passait par-là, les vit. Il s’arrêta et leur demanda " De quoi s’agit-il ? " Ils dirent " Nous ne pouvons pas nous mettre d’accord pour dire à quoi ressemble l’éléphant" Chacun d’eux dit ce qu’il pensait à ce sujet. Le sage leur expliqua, calmement " Vous avez tous dit vrai. La raison pour laquelle ce que chacun de vous affirme est différent, c’est parce que chacun a touché une partie différente de l’animal. Oui, l’éléphant à réellement les traits que vous avez tous décrits "

" Oh ! " dit chacun. Il n’y eut plus de discussion entre eux et ils furent tous heureux d’avoir dit la réalité.

[lounaaa]

ben je l'ai inventé de fil en aiguille en faisant mon menage!
comme quoi, chacun trouve sa propre sagesse , et dans les moments les plus anodins!
je ne connaissais pas le conte de l'éléphant, il résonne bien pour moi du coup!

[jeremy05]

Cet aveugle veut très certainement se rassurer en demandant l'avis aux autres car il craint probablement l'inconnu que représente ce fruit.
Mais comme le montre la métaphore : chacun donne une description très subjective de ce que représente ce fruit.

Ce que je trouve intéressant de faire ressortir :
La peur de l'inconnu nous fait nous appuyer sur des discours qui ne concernent en fait que les autres mais pas nous-même.

Cet aveugle peut faire preuve de courage en croquant dans cette poire pour connaitre vraiment par lui-même ce que représente ce fruit : il aura vraiment vécu le contact avec cette poire et ses 5 sens. Il pourra avoir sa propre idée et sa propre façon de décrire une poire.

Alors que s'il choisit de se référer à la description des autres pour ne pas affronter sa peur il n'aura qu'une idée qui va l'emmener dans des croyances qu'il n'aura jamais vérifier par lui-même.

Pour moi si cet aveugle prend la 1ère option il développera sa confiance en lui et renforcera probablement un sentiment de liberté.
S'il choisit la 2ème : il développera plutôt une dépendance envers les autres par rapport à ce qu'ils pourront penser de lui et de ce qu'il fera.

Faire les choses par soi-même pour se sentir libre ou faire les choses par rapport aux autres pour se sentir dépendant...

J'ai choisit mon camps !

Eh bé il m'inspire beaucoup cet aveugle en tout cas !

[Dagda]

Ca me fait penser à un truc tout con: essayer de décrire le gout du sel à quelqu'un... C'est juste pas possible. Pour savoir ce qu'est le sel.. Faut le gouter soi même. Tout concept a ce propos nous éloigne de ce qu'est véritablement le gout du sel.

Après la façon dont on l'interprète est fonction de ce que l'on est. Cette interprétation, n'est ni bonne ni mauvaise... C'est juste une interprétation. Et il ne faut pas perdre de vue que s'en est une.

et peu importe les mots qui la décriront, la poire continuera d'etre poire.
Et sans s'etre compris, tout le monde aura mangé et parlé de la meme chose.

Oui c'est là un point très important dans nombre de disputes et de malentendus. Essentiel même! Aller soyons fous, on vas dire fondamental

Le jour où tout le monde aura compris qu'on peut manger exactement la même poire sans la percevoir de la même façon...

Spoiler:

[Le_Chat]

Extrait des Voyages de Gulliver
voyage à Lilliput, chap IV

D’ailleurs nos historiens, depuis six mille lunes, ne font mention d’aucunes autres régions que des deux grands empires de Lilliput et de Blefuscu. Ces deux formidables puissances ont, comme j’allais vous dire, été engagées pendant trente-six lunes dans une guerre très opiniâtre, dont voici le sujet : tout le monde convient que la manière primitive de casser les œufs avant que nous les mangions est de les casser au gros bout ; mais l’aïeul de Sa Majesté régnante, pendant qu’il était enfant, sur le point de manger un œuf, eut le malheur de se couper un des doigts ; sur quoi l’empereur son père donna un arrêt pour ordonner à tous ses sujets, sous de graves peines, de casser leurs œufs par le petit bout. Le peuple fut si irrité de cette loi, que nos historiens racontent qu’il y eut, à cette occasion, six révoltes, dans lesquelles un empereur perdit la vie et un autre la couronne. Ces dissensions intestines furent toujours fomentées par les souverains de Blefuscu, et, quand les soulèvements furent réprimés, les coupables se réfugièrent dans cet empire. On suppute que onze mille hommes ont, à différentes époques, aimé mieux souffrir la mort que de se soumettre à la loi de casser leurs œufs par le petit bout. Plusieurs centaines de gros volumes ont été écrits et publiés sur cette matière ; mais les livres des gros-boutiens ont été défendus depuis longtemps, et tout leur parti a été déclaré, par les lois, incapable de posséder des charges. Pendant la suite continuelle de ces troubles, les empereurs de Blefuscu ont souvent fait des remontrances par leurs ambassadeurs, nous accusant de faire un crime en violant un précepte fondamental de notre grand prophète Lustrogg, dans le cinquante- quatrième chapitre du Blundecral (ce qui est leur Coran). Cependant cela a été jugé n’être qu’une interprétation du sens du texte, dont voici les mots : Que tous les fidèles casseront leurs œufs au bout le plus commode. On doit, à mon avis, laisser décider à la conscience de chacun quel est le bout le plus commode, ou, au moins, c’est à l’autorité du souverain magistrat d’en décider. Or, les gros-boutiens exilés ont trouvé tant de crédit dans la cour de l’empereur de Blefuscu, et tant de secours et d’appui dans notre pays même, qu’une guerre très sanglante a régné entre les deux empires pendant trente-six lunes à ce sujet, avec différents succès.

Jonathan Swift - Les Voyages de Gulliver

[jeremy05]

Le jour où tout le monde aura compris qu'on peut manger exactement la même poire sans la percevoir de la même façon...[/quote]

Yesss !
Je veux vivre ce moment là !! )

[Varnaf]

jeremy05... tu risques d'attendre longtemps... L'essentiel c'est que tu le vives déjà... tant que c'est pas ta poire qu'on vient bouffer...

[lola83]

dagda , tu demandes :

"Et puis pourquoi une poire d'abord? "

je te réponds :

parce que c'est super bon la poire ! et qu'il y a beaucoup de variétés !

la louise-bonne par exemple comme son nom l'indique et parce qu'il faut toujours "garder une poire pour la soif "

bien sûr que cela s'applique à tous les fruits , légumes et à tout en général

[Yukarie]

je pense sincèrement que vivre dans toutes les dimensions de l'etre (concrete, objective, sensitive, instinctive, conditionnée, etc...) fait non seulement de chaque seconde une seconde complete, mais permet a l'etre d'etre "entier".
J'imagine que ne pas écouter une de ces dimensions, c'est déjà avoir perdu un petit peu de soi.

pour moi cela demande une précision .
Si on cherche à être dans toutes ces dimensions de l'être, le mental va se disperser et on ne le sera jamais. Si on arrive à l'être quelques secondes, ce sera seulement dans le domaine des sens, dans le domaine de l'incarnation.

Il faut donc "perdre un petit peu de soi", et laisser le Soi prendre la place.
Dans ce cas on peut espérer commencer à connaître les choses de façon globale. Et quand le Soi aura pris toute la place, peut être auront nous la connaissance totale?

[lounaaa]

Loli, c'est marrant, parce que pour moi, tu illustre par tes reponses le "X" de mon "histoire".
J'ai tenté une parabole maladroite, mais tu en a saisi le concret et intervient de cette maniere.
C'est rigolo.

La poire pourrait etre Dieu, ou la spiritualité,ou n'importe quelle conviction d'ailleurs.
Tout les hommes ont ce besoin vitale de manger, mais tous ne le font de la meme façon, pour la meme raison, et n'y trouve pas le meme gout / ou dégout.
Je pense que l'homme -effectivement animal mental- puise dans ces "nourritures" de qui grandir, et que peu importe la façon dont il ingereras, la poire fera partie de lui, comme à son frere.
La plus belle leçon de toelrance reste encore a accepter que nous mangeons tous la meme chose, et que seule la maniere de le decrire nous sépare...

Yukarie, c'est vraiment pas comme ça que je le ressens.
Je parle souvent de mon "probleme d'ancrage" dans le sens ou j'ai depuis toujours une espece d'impression de flotter dans le monde, en étant tout et en étant rien. C'est tres grisant, et si je l'analyse ensuite, il n'empeche qqu'a la seconde precise ou il m'envahit, tout est simultané et evident. Bien sur, mes mots sont mentalisés pour exprimer une "complétude" que je ressens regulierement, mais c'est vraiment un "état", plus qu'un exercice. Je ne dit pas qu'il est bon ou mauvais, ni meme qu'il faut l'atteindre, mais si certains ont besoin de le "controler" ou l'amener, je trouve que la vie est bien plus pleine si on prend le temps de la vivre à travers divers sens.

[lola83]

lou , je me serais plutôt vu dans le Y , c'est du concret aussi

le X c'est le sens du toucher et de la vue , le Y c'est le sens du goût et vu que je suis plus gourmande que tactile ...

mais j'ai bien compris que c'était une parabole

[jeremy05]

Yukarie a dit :

Si on cherche à être dans toutes ces dimensions de l'être, le mental va se disperser et on ne le sera jamais.

Je suis d'accord avec ce que tu dis !
Pour moi, si on cherche c'est qu'on est en train de faire un effort d'attention pour réussir à obtenir quelque chose.
Il est alors logique qu'on puisse disperser son énergie par l'effort d'attention que l'on est en train de produire.

Mais dans le récit de Louna j'entends plutôt un lâcher prise plutôt qu'un effort d'attention.
Pour moi dans ce qu'elle décrit j'entends un retour dans l'instant présent en lâchant le mode mental et tout ce qui va avec : nos injonctions, nos jugements, nos évaluations,...

J'entends une connexion complète avec ce qui est en train de se passer en elle.

Quand je vis de tels moments de mon côté, c'est un peu comme si mon corps était une énergie qui s'adaptait à l'environnement dans lequel il est.
Je ne cherche rien, je ne m'oblige rien, je ne me contraint de rien : je vis l'instant tel que mon corps le ressens ce qui me permet d'adopter des comportements fluide et flexible.

Mon mental n'a plus de prise sur ce qui se passe.
C'est mon corps, mon ressenti, mon intuition qui me guide.
Les pensées qui émergent sont seulement le résultat de mon ressenti et de mes comportements.

Dans ce que tu disais Yukarie j'entends plutôt l'inverse : les pensées influencent les comportements : c'est pour moi une forme de contrôle.

[lounaaa]

Mon mental n'a plus de prise sur ce qui se passe.
C'est mon corps, mon ressenti, mon intuition qui me guide.
Les pensées qui émergent sont seulement le résultat de mon ressenti et de mes comportements.

Dans ce que tu disais Yukarie j'entends plutôt l'inverse : les pensées influencent les comportements : c'est pour moi une forme de contrôle.

c'est exacatement ça!
bien sur yukarie, j'imagine que lorsque ce n'est pas quelque chose qui vient de lui meme, il faut le forcer et donc controler son esprit. Mais je pense que c'est presque une forme de réedication, j'entends ce qu'il se passe autour de moi, je vois tous les plans, je suis envahi par les humeurs des gens, je sens ce qu'il se passe dans ma tete et dans mon corps, tout ça simultanément, c'est etre dans soi et dans le monde, je dirais presque, etre le monde!
Je vois tellement de gens vive leur vie comme des acteurs concernés sans pour autant prendre la peine de ressentir... Comme si le décor était imposé et que seul ce que l'on voit d'eux ne comptent, alors que je pense que vivre par son propre regard et ses propres émotions rends fort, complet, connecté, heureux!!

[Contenu sponsorisé]