Connaissez-vous Hadewijch d'Anvers ?

[wohpé]

HADEWIJCH D'ANVERS
Une femme ardente

Introduction :
Hadewijch d'Anvers était un être de feu. Un être dévoré par un désir taraudant, d'une inimaginable intensité : le désir d'atteindre ce qu'elle appelait « la fruition », cette jouissance où l'être échappe à ses limites, est porté au plus haut de lui-même par une exultation, une félicité, un amour extrêmes, proprement indicibles. Mais cette transfiguration consume une telle énergie qu'elle ne peut durer. Assez vite, l'être retombe dans son quotidien, dans l'ordinaire des jours. Toutefois, ce qu'il a vécu était d'une si rare violence qu'il est repris par le désir de le vivre à nouveau. Commence alors l'attente, cette autre forme de la brûlure. Tout paraît insipide et le désir qui ne trouve pas à s'assouvir ne fait que s'exacerber. Tourments du délaissement. Espoirs déçus. Doutes. Cet instant où l'être s'embrase ne reviendra t-il donc jamais ?

Extraits :
L'importance de la connaissance de soi ne pouvait échapper à Hadewijch. « Si vous voulez atteindre cette perfection, il vous faut d'abord apprendre à vous connaître bien réellement (...) dans votre volonté bonne ou mauvaise, dans votre façon d'agir, de vous fier et de vous méfier, en toute chose qui vous advient (...). En toute rencontre, demeurez égale, dans le repos comme dans la peine, en sorte que votre quête soit véritable » (lettre 14). Certains êtres peuvent se laisser tromper par leur imagination, ne vivre qu'une contrefaçon de cette aventure. Dupes d'eux mêmes, ils se mentent, s'illusionnent, se laissent berner par un persistant fantasme. Ou encore, pour échapper aux tourments inhérents à la recherche de la connaissance de soi, ils cèdent à la tentation de brûler les étapes. Dans une de ses lettres, Thérèse d'Avila avait mis en garde une novice : « Ne cherchez pas à jouir tant que vous n'avez pas souffert. » Ne cherchez pas à vivre de la volupté espérée tant que vous n'avez pas enduré les épreuves dont elle est le fruit. La connaissance de soi est comme le socle sur lequel tout peut s'édifier. Qu'il fasse défaut, l'aventure tourne court. Mais la connaissance à obtenir n'est pas cette connaissance superficielle qui consiste simplement à enregistrer les traits dominants d'un caractère, d'une personnalité. Elle impose de descendre en soi même pour éliminer, par une ferme prise de conscience, ce qui s'y trouve enchevêtré : attachements divers, peurs, désirs multiples, résidus d'enfance, fausses vérités, évidences trompeuses, angoisses coutumières, crainte de la mort... Le dépouillement qui s'opère entraîne les perturbations les plus graves, mais aussi conduit à la simplicité d'être et de pensée.
Hadewijch ne nous dit rien de ce que fût pour elle cette épreuve. Pour nous en faire une idée, nous pouvons nous tourner vers Thérèse d'Avila et Jean de la Croix qui ont vécu une expérience analogue.
Cette traversée de la nuit marquée par des périodes de détresse, de désespoir, a duré pour Thèrése d'Avila une vingtaine d'années, années pendant lesquelles le malaise intérieur retentissant sur le corps, elle fûtt souvent malade. Mais bien qu'intenses, ses souffrances physiques lui parurent plus supportables que cette « agonie de l'âme, une oppression, un étouffement, un chagrin si désespéré que je ne saurais l'exprimer (...) l'âme se déchire elle-même ».
Le témoignage de Jean de la Croix est d'une semblable teneur. « L'âme est soumise au tourment d'une désassimilation intérieure (...) il est en quelque sorte nécessaire que l'âme se détruise et s'anéantisse, cette destruction intérieure, elle l'éprouve dans sa substance même ».
Cet anéantissement prélude à la mort à soi-même. Terrible instant. Suffocante angoisse. Mais inexplicablement, cette mort acceptée se confond avec une mutation d'où procède aussitôt la naissance à soi-même. Un être nouveau est né, gratifié de nouvelles énergies, disposant de nouvelles potentialités. Humble et souverain, il obéit à sa nature profonde et se sent merveilleusement libre.
Au cours de cette exploration, en fouillant les moindres recoins de sa réalité intérieure, en prenant conscience de ce qui la constituait, l'avouable comme le non-avouable, Hadewijch a acquis une connaissance fine et approfondie de l'être humain. Forte de cette connaissance, elle a pu ensuite aider, soutenir, guider d'autres béguines désireuses d'oeuvrer à la racine d'elles-mêmes.
Pour Hadewijch, se dépouiller c'était se livrer aux « travaux de l'Amour ». En effet, l'amour ne nous est pas donné. Il ne peut naître que de ces « travaux » qui permettent de se désapproprier de soi-même, de n'être plus prisonnier de cet égocentrisme qui nous enferme en nous même.
On croit généralement que les mystiques n'ont pas eu à lutter, à vivre cette érosion intérieure et cette dénudation qui donnent accès à l'aventure spirituelle. C'est méconnaître qu'eux aussi ont eu à « descendre aux enfers » et à en remonter.


Nous ne savons quasi rien de cette femme si ce n'est qu'elle était une mystique et poétesse flamande, béguine, d'origine aristocrate sûrement et qu'elle vécu au XIIe siècle. Ses écrits se situent entre 1220 et 1240. Ils se composent de 19 poèmes, 14 visions et 31 lettres. On dit d'elle que sa force intérieure, sa plénitude, sa souveraineté sont telles qu'elle ose tout braver, tout défier, et que rien ne peut limiter sa farouche indépendance. Je l'ai trouvé totale, absolue, sans limites et sans concessions en effet, et j'y ai lu « l'esprit de sacrifice » si je puis dire, au sens noble du terme.
Ce petit grand livre contient des textes choisis par Charles Juliet, un écrivain et poète. Comme je viens de la découvrir je n'ai pas plus d'infos. Cependant elle m'a tellement parlé que j'ai eu envie de contribuer à la faire connaître.

Voilà

[tijani]

Magnifique ! je connaissais pas

rien que cet 'extrait est suffisant pour attester l'authenticité de la démarche , de la voie ; je suis émerveillé par la foule de précieux indices pour le cheminant ...

Toujours dans la grande tradition des personnes imprégnées de dieu , qui ne parlent que du chemin et cachent cette pudeur et humillité qui les empechent de parler de la divinité , quand bien méme ils y sont si, proches ...

MERCI Wohpé

bien que je suis d'avis que ce post aurai toute sa place , dans celui de " la vie des saints "

[wohpé]

bien que je suis d'avis que ce post aurai toute sa place , dans celui de " la vie des saints "

A vrai dire j'y avais pensé, mais je n'ai pas osé, étant donné qu'elle n'est pas considérée comme tel (mais pour moi si !)

[Le_Chat]

C'est beau, ça a tout a fait sa place dans la vie des saints je trouve.

[wohpé]

L'invincible Amour déroute l'esprit.
Il est proche de qui s'égare
et loin de qui le saisit.
Sa paix ne laisse point de paix.
Seul celui qui s'approprie ce qu'il est
boira ce lait consolateur.
C'est par lui même que l'on gagne l'Amour.

Si vous voulez grandir en Lui
n'épargnez ni vos efforts ni votre peine,
affrontez de tout votre être
ses plus sévères exigences.
Servez-le de grand coeur
et consentez à sa venue
comme à son départ (...)


Lorsque notre désir languit,
c'est en ce désert que l'Amour
établit son domaine.
Nous éprouvons cet Amour
sans pouvoir le connaître.
Il se manifeste en fuyant,
on le poursuit mais on ne peut le voir. (...)




S'anéantir dans l'Amour
est ce que je sais de plus haut.
(...)

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